Déclaration préalable SUD - CSE DO IDF – 19 février 2025
Une boutique fantôme à Paris : Paris – Il est des visites du CSSCT de l’AD IDF, en ce début 2025, de routine, qui prennent une tournure pour le moins… surréaliste. Ce jour-là, une équipe d’inspection en santé et sécurité au travail pénètre dans une boutique bien ordinaire en apparence. Mais ce qu’ils vont découvrir dépasse l’entendement. Dès l’entrée, un premier détail interpelle : aucun manager en vue. Peu importe, l’équipe poursuit son inspection et se dirige vers la réserve. C’est alors que le ballet commence. Un premier conseiller commercial entre : « Où sont les cartes SIM ? » Réponse embarrassée de l’équipe d’inspection : « Aucune idée, nous ne sommes pas de la boutique… Peut-être dans un tiroir ? » Le conseiller s’éclipse, visiblement peu troublé. Quelques instants plus tard, un second employé fait irruption : « Dites, vous savez où sont les téléphones ? » Même réponse, un peu surpris : « Euh… On ne travaille pas ici. » L’employé repart, pas plus inquiet que ça. Arrive alors un autre conseiller commercial, troisième acteur de cette étrange comédie : « Je cherche quelque chose…» Cette fois, c’en est trop.
L’équipe demande enfin : « Mais qui es-tu ? D’où viens-tu ? » Réponse lunaire : « Je suis intérimaire, je viens de Val d’Europe… Il n’y a aucun conseiller commercial titulaire ici aujourd’hui. » Et là, c’est le choc : la boutique entière est tenue par des intérimaires, pour certain·es déplacé·es de l’autre bout de l’île de France, livré·es à eux-mêmes et elles-mêmes, sans manager, sans organisation, sans même connaître les règles de sécurité élémentaires. Nous y sommes. Le bout du bout de la dévalorisation du métier de conseiller·ère commercial·e. Une boutique qui tourne sans personne ayant les compétences du métier, sans connaissances des techniques de vente, sans formation aux produits ou aux services. C’est l’aboutissement d’un modèle où le recours massif à l’intérim remplace l’expertise, où la précarité devient la norme, où l’on considère qu’un·e salarié·e non formé·e peut faire le travail d’un·e professionnel·le aguerri·e. Et pourquoi payer mieux un·e employé·e compétent·e, après tout, si une main-d’œuvre interchangeable peut occuper son poste ? On comprend mieux pourquoi, dans les négociations annuelles obligatoires (NAO), les salarié·es doivent encore se contenter de miettes. Pourquoi augmenter les salaires quand le modèle actuel prouve qu’une main-d’œuvre précaire suffit à faire tourner la machine ? Bienvenue dans l’ère du “toujours moins” et du commerce en roue libre, où l’expertise ne vaut plus rien et où la reconnaissance se résume à une poignée de cacahuètes. La question se pose : le métier de conseiller·ère commercial·e à Orange existera-t-il encore demain ? On peut fortement en douter au vu de l’accélération des fermetures de boutiques sous couvert du projet Libellule, qui poursuit son œuvre de démantèlement progressif du réseau physique. Soixante-douze boutiques Orange sont supprimées en 10 ans, triste bilan. Pendant ce temps, l’incertitude grandit, le climat d’anxiété s’installe, et la peur de l’avenir devient le quotidien des salarié·es. Car après tout, si une boutique peut tourner sans professionnel·les qualifié·es… pourquoi se donner la peine de les augmenter voire de les garder ? Mais tout va bien en boutique d’après Voice up, le sondage patronal. Et Orange communique pour sa filiale Orange Store : « voilà de nouvelles ouvertures » (donc l’activité de vente perdure) « Un pas de plus vers la proximité ! » (Donc les client·es seraient friand·es de proximité ) « La crise sanitaire et l’évolution des habitudes d’achat ont révélé un besoin accru de proximité et de services rapides. Les Clients souhaitent des boutiques faciles d’accès, où le conseil et l’accompagnement sont privilégiés » (les habitudes de faire ses emplettes en boutiques perdurent donc, et pourtant la DO IDF affirme tout le contraire en CSE)
Qui dit vrai ? Orange ou Orange ? Et de qui se moque-t-on en CSE DO IDF quand on lit sur Anoo : « Orange réaffirme la place centrale du canal physique dans sa stratégie de distribution » Orange fait le choix depuis des années de recourir à la précarité comme outils de restructurations de l’AD. Le choix des Organisations Syndicales représentatives, cette année, de valider un accord de déflation accélérée des effectifs, l’accord GEPP*, est tout aussi inacceptable. (*Gestion des Emplois et Parcours Professionnels) Depuis le 10 février, nous devons subir la communication médiatique d’Orange qui se gausse de créer 6 000 emplois en trois ans. En omettant de préciser que cet accord GEPP se déclinera au détriment d’Orange Maison-mère qui perdra 25 000 salarié·es éligibles à la retraite ou au TPS (« Ta Porte de Sortie »). Pour rappel 32,3% de l’effectif début 2024 avait plus de 55 ans. SUD s’inquiète de celles et ceux plus jeunes et qui auront à subir des injonctions managériales pour la mobilité. Que vont devenir les équipes dans les services dits « décroissants » comme en USC, UCI, et AD etc ? Quel avenir pour les petits et moyens sites ? Comment garantir des prestations variées et de qualité avec cet effet de réduction des budgets ASC, calculés sur la masse salariale ? Que vont devenir les accords santé et prévoyance ? La baisse des cotisant·es laisse présager une future augmentation ou des prestations moindres. L’accord GEPP 2025-2027, sous ses apparences de modernité et de parcours professionnels, n’est en réalité qu’un instrument sophistiqué de mobilités imposées. Derrière les termes trompeurs « d’accompagnement », de “reconversion” se cache une logique implacable d’optimisation des coûts et de flexibilisation extrême. Avec Lead the Future, une atmosphère qui devient de plus en plus irrespirable… Au point qu’Orange réitère le « temps de respiration », présenté comme une avancée sociale, alors qu’il ne fait qu’institutionnaliser la souffrance au travail en offrant des pauses temporaires au lieu de s’attaquer aux causes structurelles de celle-ci. Les jeunes sont toujours les grand·es perdant·es, transformé·es en une main-d’œuvre jetable sous prétexte de favoriser l’alternance… Une actualité en lien avec l’ordre du jour de ce CSE . On nous impose, un nouveau caprice présidentiel, les Jeux Olympiques et Paralympiques d’hivers pour 2030. Monsieur Grospiron, le maître d’œuvre n’arrivera à convaincre personne que cette gabegie va contribuer à sauver la planète, ce grand chantier inutile écologiquement et socialement. Pour mettre en place retransmission télévisuelle interplanétaire ainsi qu’un autre réseau de surveillance des masses Thalès-Orange… Comme la neige, il devra se passer de la grande expertise des salarié·es et des métiers « premium » non remplacé·es de chez Orange. Décidément, le CSE IDF traverse des remous mettant en péril son bon fonctionnement. Après les démissions des deux trésoriers, nous apprenons qu’une partie de la délégation FO-COM n’est plus habilitée à porter la voix de son syndicat. La secrétaire générale adjointe de Force Ouvrière écrit qu’iels ne sont plus des interlocuteurs·trices légitimes. Nous suivrons avec intérêt l’attitude de la direction face à ce marasme et situation ubuesque : Où un trésorier démissionnaire fait toujours office de trésorier par intérim, Et une secrétaire de CSE cumule les prérogatives de trésorière…..
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